Par akademiotoelektronik, 21/02/2022

Petit Bulletin SAINT-ETIENNE - Infos Saint-Etienne : Voisinage - Villeurbanne, première Capitale française de la culture - article publié par Sébastien Broquet

Elle est sur orbite, cette année spéciale de Villeurbanne, celle où elle est devenue la toute première Capitale française de la culture — ce nouveau label initié par le ministère de la Culture qui a choisi la cité du solide emblème de la décentralisation, le Théâtre National Populaire, pour en être la première incarnation. Roselyne Bachelot, la ministre attitrée, s'est déplacée en personne pour lancer les festivités le vendredi 7 janvier, à peine perturbées par des intermittents en colère. Mais passés les cotillons dont on nous avait privés une semaine plus tôt, qu'est-ce qu'il nous reste à observer durant cette année ? Le maire Cédric Van Styvendael et ses équipes avaient tenté le coup pour cette candidature en intégrant à leur dossier plusieurs éléments déjà conceptualisés et imaginés pour leur programme de campagne électorale, à l'instar d'un festival du numérique (devenu les IrRéels) et surtout des minimix, véritables ambassades culturelles disposées au sein des écoles, lesquelles, d'idée à développer au fil du mandat, sont devenues élément phare de cette année culturelle (Anne Hidalgo, candidate socialiste à la présidence du pays, en a visité une le vendredi 14 janvier). Cette labellisation et les fonds conséquents qui l'accompagnent doivent permettre à Villeurbanne de devenir un laboratoire culturel brassant des idées pour le futur, au bénéfice d'un secteur délaissé depuis trop longtemps par les politiques (qui a dit depuis Jack Lang et François Mitterrand ?) et qui semble reprendre un peu de visibilité suite à la crise sanitaire, autant grâce au besoin d'occuper son temps libre lors des confinements que par les fermetures et interdictions à répétition assommant ce secteur comme nul autre en France.

Ministère et terminus

Qui parle encore de culture en France ? Deux maires aux idées opposées en ont fait un sujet, le rockeur de droite David Lisnard, édile cannois, auteur d'un récent et intéressant La culture nous sauvera, aux éditions de L'Observatoire, et Cédric Van Styvendael, le socialiste : voies différentes, voix qui se croisent. À Villeurbanne, il ne faudra pas attendre trop de "grands événements", qui ne sont pas le pôle d'attraction de cette année "capitale" — même si Royal de Luxe attirera des milliers de personnes dans les rues de la ville du 23 au 25 septembre prochains, sur un territoire fortement sensibilisé au théâtre de rue grâce au formidable travail de fond de Patrice Papelard, de ses Ateliers Frappaz et de son festival biannuel Les Invites.

Tout est mini dans notre vie

Zoomons plutôt sur ces minimix, nouvelle tentative de relier culture et éducation, court-circuitant l'élitisme par une confrontation dès le plus jeune âge avec le monde culturel : à Villeurbanne, il y a vingt-six établissements scolaires. Et chacun d'eux, dès cette année mais aussi par la suite, puisque le dispositif est pérenne, a vu ou verra un minimix s'installer en son sein. Reste à comprendre en quoi cela consiste : « un minimix s'apparente à un centre culturel au sein de l'école, articulé autour d'une bibliothèque-centre de documentation, animé par une coordinatrice issue du réseau des médiathèques, qui travaille en lien avec les enseignants, les responsables et animateurs du périscolaire, les intervenants extérieurs, artistes, mais aussi les parents d'élèves et les acteurs du quartier. Dans chaque minimix, un ou plusieurs projets portés par les acteurs culturels du territoire sont proposés aux élèves et aux enseignants dans une logique de transmission. Ces minimix accueilleront également des enseignants de l'École Nationale de Musique, des étudiants-chercheurs des universités, des médiateurs des musées métropolitains (musée des Confluences, Lugdunum) et des équipements des villes voisines (Opéra de Lyon, Maison de la Danse...) » nous explique-t-on via le dossier de présentation.

Concrètement, « l'École Nationale de Musique animera des ateliers avec les élèves de l'école Édouard-Herriot pour créer un orchestre et des instruments à base de matériaux de récupération. Dans les écoles Château-Gaillard, Jean-Zay et Léon-Jouhaux, l'équipe du cinéma le Zola interviendra sur la technique et l'histoire du cinéma et animera des pratiques plastiques sur des bandes de pellicule. » L'idée étant que toutes les structures culturelles d'importance de la ville s'emparent du concept.

Maxi, maxi, ça respire l'air

L'Institut d'Art Contemporain est impliqué : durant un mois, des œuvres seront prêtées à l'école Anatole-France et une médiatrice culturelle du musée fera « découvrir le monde de l'art contemporain aux élèves ». Du côté de l'école Jules-Ferry, c'est l'atelier itinérant conçu et imaginé par le directeur du TNP Jean Bellorini et la compagnie KompleX KapharnaüM qui œuvreront, avec une résidence du Turak Théâtre. À l'école Louis-Armand, une pièce de théâtre sera créée à partir d'un conte Inuit sous l'impulsion de la médiathèque du Tonkin et de l'espace Tonkin.

À l'école Anatole-France, la structure dédiée aux arts numériques AADN associera les enfants à la création du Phare, « une œuvre interactive pour l'espace public qui raconte une montée des eaux. Autour d'un processus de création participatif, les enfants de 7 à 10 ans travailleront avec des artistes de l'AADN pour créer des textes, des maquettes et des enregistrements sonores qui viendront alimenter le Phare. » L'œuvre sera installée sur la place Lazare-Goujon en juillet prochain. Enfin, deux compagnies interviendront : côté théâtre, Les Particules à l'école Château-Gaillard et côté cirque, la compagnie Petit Travers sera liée aux écoles Albert-Camus et Jules-Guesde.

Dix-huit minimix seront créés durant cette année, huit autres suivront durant le mandat, le budget consacré à cette opération étant de 1, 7 M€, incluant la création de vingt emplois. Pas si mini...

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