Par akademiotoelektronik, 23/05/2022

Pokémon Go n’est pas écolo - Rolling Stone

Cet été, le succès record du phénomène de société Pokémon Go, jeu en réalité augmentée, a été accompagné de conduites choquantes. Les critiques ne cessent de s’accumuler : incivilités, délits, inconscience, oubli du réel, de soi…

Les développeurs et les utilisateurs l’application smartphone Pokémon Go, devenue en peu de temps énergivore autour de la planète, ignorent-ils notamment le fait que s’amuser à « capturer » des monstres virtuels contribue gravement à l’extinction d’espèces animales bien réelles ?Pokémon Go n’est pas écolo - Rolling Stone Pokémon Go n’est pas écolo - Rolling Stone

Mis à part quelques baisses récentes de téléchargements depuis le début du mois de septembre, les records du business planétaire Pokémon Go s’accumulent depuis son lancement, il y a deux mois. Le jeu vient tout juste de dépasser 500 millions de joueurs.

Selon un rapport publié par Slice Intelligence, une firme spécialisée dans l’analyse de données digitales, à elle seule l’application générerait désormais environ 28% des revenus de toute l’industrie mobile.

Phénomène de l’été, phénomène de société, elle s’est hissée en seulement 5 jours parmi les jeux les plus populaires sur Android, dépassant notamment Candy Crush et Angry Birds. Lors de sa sortie aux USA, elle a brièvement réussi l’exploit de battre le nombre de recherches à caractère pornographique sur internet.

L’application fait désormais concurrence à Facebook, Twitter, Tinder, Google Maps, Snapchat, et Instagram. Elle rivalise avec eux en nombre d’utilisateurs quotidiens. Selon l’enquête menée par le site SensorTower, elle a atteint dix millions de téléchargements en seulement une semaine.

Les développeurs Niantics Labs, The Pokemon Company et Nintendo ont décidé de poursuivre massivement leurs investissements après avoir récolté 4,5 milliards le jour même du lancement de leur jeu et 35 milliards en deux semaines. Du matin au soir, les abonnés sur Iphone leur rapportent en moyenne 1,5 milliard.

Pokémon Go n’est pas écolo - Rolling Stone

Le PDG de Niantic, John Hanke, a déclaré lors d’une interview au Financial Times qu’il allait poursuivre la mise en place de monstres virtuels à l’aide de sponsors, afin de valoriser certains commerçants. Ces derniers pourront être en mesure d’accueillir des Pokémons dans leurs boutiques, ce qui attirera les joueurs et favorisera les achats.

Le succès de Pokémon Go a été tellement rapide que le PDG de l’entreprise de jeux vidéo français Ubisoft, Yves Guillemot, s’est dit particulièrement impressionné : il a affirmé qu’il préparait avec ses équipes de nouveaux titres inspirés de la réalité augmentée.

Un succès qui n’est pas sans conséquences sur l’environnement !

Au même titre que les géants du web, tels que les GAFA (abréviation pour Google, Apple, Facebook et Amazon NDLR) et leurs produits dérivés, l’application Pokémon Go, qui rivalise désormais avec ces derniers, consomme beaucoup d’électricité : celle des smartphones, celle des datacenters, celle liée à l’explosion des ventes de batteries externes, notamment. Elle a donc développé en très peu de temps une empreinte carbone (Co2) considérable, qui contribue en partie au réchauffement climatique, et de surcroît à l’extinction des espèces.

Comme le rappelle sur son site Global Footprint Network (partenaire de l’ONU), qui vient de publier début août ses expertises sur le Jour du dépassement 2016: « la consommation d’énergie des ménages représente 36% de l’utilisation totale d’électricité aux États-Unis, 33% en Europe et 20% en Asie. Parce que l’électricité est encore principalement produite à partir de sources non renouvelables, elle est responsable de 38% de l’empreinte carbone globale ». Pour toutes ces raisons l’ONG a invité à plusieurs reprises les joueurs de Pokémon GO à se montrer très attentifs à leur consommation d’énergie.

Documentaire : Internet, la pollution cachée
« Aujourd’hui, 247 milliards de mails transitent chaque jour par la toile. Quelle énergie le permet ? Propre en apparence, le monde virtuel est en réalité aussi polluant qu’énergivore. Si Internet était un pays, il serait le cinquième consommateur mondial d’électricité. Mais ses besoins, immenses, se heurtent à la diminution des ressources énergétiques… »

Interrogée par le magazine Reporterre sur la possibilité que le phénomène de société Pokémon Go soit l’occasion de rapprocher l’homme de la nature, la spécialiste de philosophie environnementale, Catherine Larrère, présidente de la Fondation de l’Écologie Politique, a répondu négativement ; en déclarant que « ce jeu fait apparaître à quel point nous sommes enfermés dans nos conceptions, nos représentations du monde ».

Le philosophe Francis Métivier partage cet avis. Il évoque ce même « mépris du réel » :

Par-ci, par-là, quelques bonnes nouvelles néanmoins :

Récemment, deux joueurs de Pokémon GO sont tombés par chance sur une vingtaine d’animaux abandonnés et les ont sauvé.

WWF a eu l’idée de détourner l’application mobile pour sensibiliser les joueurs à la condition animale.

Et de jeunes Suisses ont détourné l’application mobile en initiant « Poké-déchets GO« , dont le but est de se déplacer avec des sacs poubelles à la recherche de déchets. Les joueurs qui en récoltent le plus peuvent gagner des cadeaux.

Poké-déchets Go facebook officiel

Jean-Eudes Nouaille-Degorce

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