Par akademiotoelektronik, 07/02/2022

Thomas Pesquet s’envole vers l’ISS avec SpaceX : son programme minute par minute pour le décollage

C’est le Jour-J. Ce vendredi 21 avril 2021, l’astronaute Français Thomas Pesquet reprend la direction des étoiles. Destination la Station spatiale internationale (ISS) à bord d’un taxi supersonique, capable de se déplacer à plus de 27 000 km/h, conçu par la société américaine SpaceX fondée par Elon Musk.

Le décollage, initialement prévu jeudi à 12 h 11 (heure de Paris) a été reporté d’un peu moins de 24 heures à cause de la météo défavorable. Il doit intervenir ce matin à 11 h 49, toujours depuis le Centre spatial Kennedy, dans l’État de Floride, aux États-Unis.

Cette mission Crew-2, surnommée Alpha par l’Agence spatiale européenne, comprend aussi deux astronautes américains, Shane Kimbrough et Megan McArthur, ainsi qu’un astronaute japonais, Akihiko Hoshide. Il s’agit de la deuxième mission de SpaceX vers l’ISS depuis que les États-Unis ont repris les vols habités vers l’espace, et la première avec un Européen à bord, en la personne de Thomas Pesquet. C’est en effet un vaisseau russe, le Soyouz MS-03, qui avait transporté le spationaute originaire de Rouen pour son premier séjour dans l’ISS, entre novembre 2016 et juin 2017.

Le déroulé de la journée historique qui l’attend ce vendredi est très cadré et a été répété. Le protocole à respecter se joue à la seconde près pour décoller. Ouest-France fait le décompte des principales étapes avec l’éclairage d’un spécialiste, Olivier Sanguy, rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace de Toulouse.

6 h 40 avant le décollage : le réveil sonne

Thomas Pesquet et ses coéquipiers vont devoir se lever très tôt car le décollage est prévu à 5 h 49, heure locale. Afin d’accomplir toutes les étapes du protocole, le Normand devra être debout… à 23 h. « Il a décalé son sommeil ces derniers jours pour se mettre dans le rythme de cette journée de décollage et car il va prendre du décalage horaire une fois là-haut puisque la Floride a quatre heures de décalage avec l’ISS », indique Olivier Sanguy.

4 h avant le décollage : on enfile les combinaisons

Après une série de briefing, Thomas Pesquet et ses coéquipiers s’équipent des combinaisons blanches et grises au design futuriste fournies par SpaceX. Des vérifications sont réalisées sur ces tenues sur-mesure puis les astronautes quittent le Neil Armstrong Operations & Checkout Building où ils ont leurs quartiers, pour prendre la direction du pas de tir où attend la fusée.

3 h 20 avant le décollage : l’aurevoir

En sortant du Neil Armstrong Operations et Checkout Building, Thomas Pesquet et ses coéquipiers ont l’occasion de saluer leurs proches qui ont pu se rendre sur place. « Ils font un « virtual hug », en restant à distance pour des raisons sanitaires, décrit Olivier Sanguy. Cette distance à respecter n’est pas propre à la pandémie de coronavirus mais à toutes les missions spatiales. Toutes les précautions sont toujours prises pour ne pas emporter de microbes dans l’ISS. » « Il y a toujours une quarantaine avant le lancement », avait souligné Thomas Pesquet lors de sa conférence de presse donnée en début de semaine, soulignant que tout l’équipage a d’ailleurs été vacciné contre le Covid-19.

2 h 55 avant le décollage : l’arrivée sur le pas de tir

La fusée est située à 14 km du Neil Armstrong Operations et Checkout Building. Les astronautes y sont conduits dans des voitures de la marque Tesla, la marque d’Elon Musk. « Le pas de tir est le LC 39A. C’est l’ancien pas de tir des missions des programmes Apollo puis navette (Shuttle). C’est un pas de tir de la Nasa, mais qui est loué par SpaceX et qui a été adapté au lanceur Falcon 9 et au vaisseau Crew Dragon », explique Olivier Sanguy.

2 h 35 avant le décollage : l’entrée dans la capsule Crew Dragon

Pour y accéder, les astronautes vont monter en ascenseur à 70 m de hauteur, le long du lanceur. «Ils vont alors entrer dans la capsule, accompagnés et secondés par du personnel de chez SpaceX. Ils vont s’asseoir à leur place avec toute une série de vérifications sur les combinaisons et les sièges notamment. Ensuite, il ferme l’écoutille avant une nouvelle série de vérifications », décrit Olivier Sanguy. « Spécialiste de mission 2 », Thomas Pesquet est installé à gauche. Au centre, on retrouve Megan McArthur et Shane Kimbrough, respectivement pilote et commandant. À droite, c’est le « spécialiste de mission 1 » Akihiko Hoshide.

45 minutes avant le décollage : le sondage « go/no go »

Le directeur de lancement de chez SpaceX fait un premier tour de l’ensemble des contrôleurs chargés de veiller sur chaque paramètre. « Si tout le monde dit « go », alors on commence à remplir les réservoirs avec le kérosène très raffiné et l’oxygène liquide. Là, ça devient sérieux », prévient Olivier Sanguy.

35 minutes avant le décollage : les réservoirs se remplissent

D’abord, ce sont les réservoirs du premier étage qui se remplissent puis ceux du second étage. « On ne remplit pas les réservoirs si le lanceur n’est pas prêt ou si la météo n’est pas bonne. Quand on remplit les réservoirs, il n’y a plus que les astronautes sur le pas de tir, dans la capsule. Le système d’urgence d’éjection de la capsule est armé pour se déclencher en cas d’explosion et la passerelle est retirée », décrit Olivier Sanguy. Ensuite, les moteurs se refroidissent, le lanceur bascule sur son alimentation électrique interne.

45 secondes avant le décollage : dernier sondage « go/no go »

Ultimes vérifications humaines. « Le directeur de lancement de chez SpaceX fait un dernier appel de « go » auprès de ses contrôleurs. Après, on bascule dans la séquence automatique, avec les ordinateurs qui surveillent jusqu’au dernier moment, poursuit Olivier Sanguy. Les équipes au sol et les astronautes dans la capsule peuvent toujours intervenir s’ils détectent une anomalie, mais toutes les commandes à exécuter sont prises en charge par les ordinateurs. « L’être humain n’a pas les capacités pour piloter tout ça seul dans de tels laps de temps », commente Olivier Sanguy.

11 h 49 m 02 s : décollage

Trois secondes avant le décollage, la séquence d’allumage débute. « Une fois qu’ils sont lancés, ça s’enchaîne assez rapidement pour les astronautes. En une douzaine de minutes, ils vont atteindre l’orbite, en passant de 0 km/h à 27 500 km/h », résume Olivier Sanguy.

2 minutes 39 après le décollage : séparation du premier étage de la fusée

Deux secondes auparavant, les moteurs principaux du lanceur Falcon 9 se sont coupés. Le premier étage se détache du reste de la fusée tandis que le moteur du deuxième étage prend le relais pour conduire la capsule Crew Dragon en orbite. « Le premier étage est récupérable. Soit il revient au sol pas loin du lieu de décollage ou sur une barge en mer. Il a d’ailleurs déjà été utilisé lors du premier voyage habité assuré par SpaceX vers l’ISS en novembre 2020 », indique Olivier Sanguy.

11 min 58 après le décollage : séparation du second étage de la fusée

Un peu plus de trois minutes auparavant, le moteur de second étage s’est coupé. Délestés de ce second étage, Thomas Pesquet et ses coéquipiers à bord de la capsule filent à plus de 27 000 km/h, dans un environnement où l’air et les frottements n’existent plus. « On ouvre alors le capot avant pour que le système d’amarrage avec l’ISS soit effectif. Et là commence un voyage d’à peu près 23 h vers l’ISS, qui gravite en orbite à environ 400 km du sol terrestre », indique Olivier Sanguy. C’est la fin de la phase dynamique.

« Quand tout aura été vérifié, les astronautes vont pouvoir enlever leur combinaison pour se mettre en bras de chemise, se nourrir, faire leur besoin car des toilettes sont intégrées à bord », ajoute Olivier Sanguy. Il faudra les remettre avant la phase d’amarrage à l’ISS « pour prévenir le risque de dépressurisation ».

23 h après le décollage : l’amarrage à l’ISS

Là encore, c’est entièrement programmé et automatisé, mais les astronautes peuvent intervenir si besoin. « Avant les rendez-vous prenaient plutôt deux jours, puis les Russes dernièrement l’ont fait en six heures et trois heures. SpaceX est resté sur un programme de vol plus conservateur en 23 h », note Olivier Sanguy.

Une fois arrivés sur l’ISS, les quatre astronautes rejoindront les sept occupants actuels de la station : les trois membres d’équipage de la mission Soyouz-MS-18 arrivés début avril, et les quatre membres de la mission Crew-1, qui avait pris le premier vol habité assuré par SpaceX en novembre dernier. Ce sont ces quatre-là que Thomas Pesquet et ses compagnons viennent relever. Michael Hopkins, Victor Glover, Shannon Walker et Soichi Noguchi doivent revenir à bord de leur propre capsule à la fin du mois d’avril.

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