Par akademiotoelektronik, 17/02/2022

«À vos risques et périls» : un pilote raconte l’évacuation de l’aéroport de Kaboul

Un pilote militaire tchèque de retour de Kaboul a décrit mardi les conditions difficiles des rotations aériennes avec l’Afghanistan, sans véritable contrôle aérien, sans approvisionnement possible en kérosène sur place et avec des décollages périlleux.

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Ce pilote, identifié seulement comme le « Commandant MM » sur le site du ministère tchèque de la Défense qui publie son récit, a ramené mercredi 62 personnes de Kaboul à Prague. « J’ai effectué quelques vols non conventionnels, mais celui-là était exigeant et sacrément long », a raconté ce pilote qui a 20 ans d’ancienneté dans l’armée.

Son Airbus a ramené des soldats tchèques, des interprètes afghans et leurs familles, ainsi que quatre Afghans embarqués à la demande de la Slovaquie, voisine de la République tchèque.

Faute de contrôle aérien digne de ce nom dans l’espace aérien afghan, au milieu d’un fort trafic au-dessus de Kaboul, « nous devions garder nos distances en l’air et atterrir l’un derrière l’autre. Nous cherchions des fréquences pour communiquer les uns avec les autres », a expliqué le « commandant MM ».

Pas de kérosène à Kaboul

Le système provisoire de contrôle aérien à Kaboul était à peine audible et les décisions laissées à la responsabilité de l’équipage, les contrôleurs se contentant de donner des informations, chacune ponctuée d’un « à vos risques et périls ».

L’Airbus et son équipage ont passé quatre heures et demie à l’aéroport de Kaboul. « On ne peut pas compter sur du kérosène à Kaboul, donc nous avions rempli les réservoirs à Bakou », en Azerbaïdjan, poursuit le pilote.

Malgré des conditions hasardeuses, dans un aéroport en proie au chaos, les décollages étaient plutôt bien organisés. « Nous formions des files pour le roulage et le décollage. Je suivais le TCAS, (système d’alerte anticollision embarqué), tout comme les autres », a-t-il ajouté.

« C’était une expérience »

« On pouvait voir la distance entre nous sur le moniteur du TCAS et c’était, outre les communications directes entre équipages, la principale façon de se coordonner ». « On ne se sentait pas en danger, mais la situation était vraiment compliquée, en raison des conditions à Kaboul. C’était une expérience », a estimé le « Commandant MM ».

Au total, l’armée tchèque a transporté 195 personnes de Kaboul vers Prague, au cours de trois vols entre lundi et mercredi. Le 3e vol, mercredi était le dernier, a indiqué jeudi le premier ministre tchèque Andrej Babis à la presse.

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