Par akademiotoelektronik, 27/07/2022

Zak Brown charge la F1 sur Masi : une ’autocratie’ digne d’une ’pantomime’ ?

Un bras de fer oppose pour le moment, en coulisses, la FIA et Mercedes, toujours dans la suite des répercussions du Grand Prix d’Abu Dhabi, et de la gestion si critiquée et critiquable de Michael Masi, le directeur de course de la FIA. Mercedes voudrait la peau de Masi mais aussi une remise à plat des règles en matière de voiture de sécurité, et sans doute plus largement ; et l’assurance qu’un titre mondial ne se perdra plus dans de telles conditions.

L’élection de Mohammed Ben Sulayem à la tête de la FIA donne une fenêtre d’opportunité pour lancer de grandes réformes. Mais il ne faudrait pas que les questions se règlent à deux, entre Mercedes et la FIA…

C’est pour cela que dans une chronique publiée sur le site de McLaren, Zak Brown, le PDG de McLaren Racing, a clairement mis la pression sur Mercedes et la FIA. La réforme de la direction de course ne doit pas s’opérer en coulisses ou en catimini, mais de manière ouverte et collaborative.

Car le problème vient de plus loin pour Zak Brown et notamment de la gestion « autocratique » de la F1 : Bernie Ecclestone ou même Jean Todt en prennent pour leur grade au passage, dans cette prise de position politique de l’Américain.

« L’élection de Mohammed Ben Sulayem en décembre dernier comme nouveau président de la FIA offre l’opportunité d’une réforme collective du mode de fonctionnement de la Formule 1. Il est évident de se focaliser sur les événements d’Abu Dhabi à la fin de la saison dernière, qui font l’objet d’une enquête de la FIA, mais il s’agissait à mon avis d’un symptôme plutôt que d’une cause. Il y a eu des problèmes systémiques autour de l’alignement et de la clarté sur qui établit les règles - la FIA ou les équipes - qui se sont manifestés au cours des deux dernières années, parfois de manière très médiatisée. »

« Les signes de difficultés organisationnelles ont pu être observés lors du Grand Prix d’Australie 2020 et du Grand Prix de Belgique de l’année dernière, tous deux marqués par un manque apparent de préparation aux événements en cours et une inertie temporaire sur les solutions. »

Zak Brown charge la F1 sur Masi : une ’autocratie’ digne d’une ’pantomime’ ?

« Une plus grande clarté sur les rôles de la FIA et de la F1 et la nécessité d’un leadership accru du sport seront sans aucun doute à l’ordre du jour pour Mohammed Ben Sulayem et Stefano Domenicali et leurs équipes respectives. »

« Les administrations précédentes ont poursuivi un style de gouvernance essentiellement autocratique, de sorte que pour orienter le sport dans la bonne direction, il était nécessaire d’adopter une approche plus consultative avec les équipes et les parties prenantes. Mais maintenant que le sport a été réinitialisé avec succès, il est nécessaire de revenir à un leadership et une gouvernance plus forts et plus directifs au sommet du sport. »

Pour Zak Brown, la demande est simple : il faut que la FIA écoute moins Mercedes, Red Bull et Ferrari et plus le reste du plateau.

« Il est clair que certaines des règles et leur gouvernance ne sont pas acceptables en l’état actuel des choses. Personne n’est satisfait de l’incohérence et de l’inconstance dans l’application du règlement, mais les équipes ont l’habitude de l’exploiter pour obtenir un avantage concurrentiel. »

« J’ai déjà dit que les équipes ont trop de pouvoir et qu’il faut le réduire. Nous jouons un rôle important dans l’élaboration des règlements et la gouvernance de la Formule 1 et cette influence n’est pas toujours motivée par ce qui est le mieux pour le sport. »

Pour Zak Brown, le PDG de McLaren Racing, la manière avec laquelle Mercedes et la FIA semblent gérer en ce moment la polémique liée à Masi, sur coin de table dans l’ombre, est révélatrice des torts de la F1 : pourquoi laisser de côté McLaren et les autres équipes ? Sommes-nous encore dans les années 80 ?

C’est aussi l’occasion pour Zak Brown de renvoyer des équipes, dont Mercedes, à leurs responsabilités.

« Oui, les équipes doivent être consultées, et leurs points de vue éclairés doivent être pris en compte, en particulier sur les questions stratégiques à long terme. Mais parfois, il semble que le sport soit gouverné par certaines équipes. N’oublions pas que nous, les équipes, avons contribué aux incohérences dans l’application des règlements autant que quiconque. Ce sont les équipes qui ont fait pression pour éviter à tout prix de terminer les courses sous une voiture de sécurité. Ce sont les équipes qui ont voté pour un grand nombre des règlements dont elles se plaignent. Ce sont les équipes qui ont utilisé la diffusion de messages radio au directeur de course pour essayer d’influencer les pénalités et les résultats de la course, au point qu’un directeur d’équipe surexcité joue pour la galerie et fait pression sur les officiels de la course. »

« Cela n’a pas été édifiant pour la F1. Par moments, on a eu l’impression d’assister à une audition de pantomime plutôt qu’à l’apogée d’un sport mondial. »

« Je suis convaincu que la FIA et la F1 feront preuve d’un leadership accru et que, collectivement, en tant que gardiens du sport, nous nous concentrerons sur l’évolution du sport et ne fuirons pas nos responsabilités lorsqu’il s’agira de prendre des décisions difficiles. »

La comparaison avec la pantomime est à la mode en F1 : c’est ainsi que Christian Horner avait qualifié Toto Wolff en fin de saison dernière.

Reste désormais à savoir si Mohammed Ben Sulayem reprendra à son compte les demandes et les comparaisons de Zak Brown. La saison politique de la F1 est lancée !

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