By akademiotoelektronik, 23/03/2023

Une vente aux enchères de NFT organisée à Paris | Le magazine des enchères

par Diane Zorzi

La maison de vente Boischaut présentera aux enchères plus de 70 NFT le 23 octobre à Paris et en live sur Interencheres. Cette vacation est l’une des premières en France dédiée à ce marché de l’art numérique en plein essor.

Depuis le mois de mars, le marché des jetons non fongibles, dits NFT, de l’anglais Non Fungible Tokens, explose à l’international, marqué par des ventes aux enchères records outre-Atlantique. Des créateurs d’œuvres numériques, jusqu’alors inconnus dans le monde de l’art, sont propulsés sur le devant de la scène, à l’instar du graphiste Beeple, dont une compilation numérique, baptisée Everydays : The First 5000 Days, a été vendue près de 70 millions de dollars, rivalisant avec les toiles de grands maîtres telle la Femme au béret et à la robe quadrillée de Picasso, adjugée 69,4 millions de dollars en 2018 à Londres. « Depuis le début de l’année, il y a eu trois ventes extraordinaires aux Etats-Unis, mais en Europe il n’y a encore rien eu de significatif », remarque Marc-Olivier Bernard, directeur général de la maison Boischaut qui organisera le 23 octobre prochain une vente aux enchères dédiée aux NFT. « Notre but est de faire entrer les artistes digitaux dans ce nouveau marché qui permet, grâce à la blockchain [Ndlr. Une blockchain, ou chaîne de blocs, est une technologie sécurisée permettant de stocker et partager des données en réseau, sans intermédiaire, selon un procédé cryptographique], de rendre unique ce qui ne l’était pas auparavant, à savoir un fichier numérique. »

Les NFT, des œuvres numériques uniques et certifiées

Les NFT permettent de certifier l’authenticité d’un fichier numérique. Dans le monde l’art, ils garantissent ainsi la propriété exclusive d’une œuvre virtuelle, qu’il s’agisse d’une image, d’une photographie, d’une vidéo ou encore d’une musique. « Un fichier numérique sans certificat se duplique aisément, explique Marc-Olivier Bernard. Les NFT, quant à eux, confèrent un caractère d’unicité à une œuvre numérique. Tous les certificats proposés le 23 octobre à la vente sont uniques et numérotés 1/1. » Au contraire des devises et cryptomonnaies, les NFT ont la spécificité d’être des actifs non fongibles, de telle sorte que leur valeur marchande est subjective et soumise à la volatilité du marché. Du fait de ce caractère d’unicité, le prix d’un NFT évolue en fonction de la cote, elle aussi fluctuante, de son auteur, et répond aux mêmes lois qui régissent le marché des œuvres d’art physiques.

L’usage d’un NFT est multiple, bien que souvent encadré par un contrat* établi par l’artiste qui conserve, quant à lui, les droits moraux et patrimoniaux relatifs à son œuvre. « L’intérêt pour le propriétaire d’un NFT est notamment d’acquérir le même fichier haute définition dont dispose l’artiste. » Concrètement, l’acquéreur peut, dans un cadre strictement privé, projeter l’œuvre par l’intermédiaire d’un écran ou encore réaliser autant de tirages qu’il le souhaite et multiplier les formats au contraire du propriétaire d’une œuvre physique qui jouit du seul tirage fixé par l’artiste. « L’acheteur bénéficie d’un droit de propriété exclusif sur son fichier numérique. Il peut donc revendre son NFT quand il souhaite et, en cas de perte ou de vol, nous lui fournirons un nouveau certificat. »

De Georges Saulterre à Grégory Chatonsky, des NFT d’artistes reconnus

Pour sa première vente dédiée aux NFT, la maison Boischaut a fait appel à des artistes bénéficiant déjà d’une reconnaissance institutionnelle. « Il s’agit d’artistes avec qui nous entretenons des relations directes, ainsi que des personnalités sélectionnées par notre partenaire, la galerie Lubliner Art. » Parmi les pièces maîtresses, neuf œuvres sont signées Georges Saulterre (né en 1943). Cet artiste français, né en Vénétie, s’est illustré à travers ses sculptures monumentales, mêlant le bronze, la céramique, l’inox ou l’acier et investissant les espaces publics, à l’instar des grands axes autoroutiers. « Il a travaillé une vingtaine d’années en Chine où il bénéficie d’une grande notoriété. » Depuis la fin des années 2000, l’artiste collabore avec le cinéaste, Jean-Gabriel Tordjman. Ensemble, ils conçoivent des vidéos mettant en scène l’univers sculptural et graphique de Georges Saulterre. « Nous présentons notamment à la vente une vidéo rendant hommage à la cathédrale Notre-Dame de Paris, détaille Marc-Olivier Bernard. Les deux artistes ont été profondément bouleversés par l’incendie qui a ravagé le monument en 2019 et ont conçu un spectacle lui redonnant vie sous la forme d’une projection en fresque lumineuse. Les figures d’Esméralda et de Quasimodo, dessinées par Saulterre, se mêlent aux images du bâtiment en flammes, de son chœur envahi par les décombres ou encore de sa rosace, dans une présentation grandiose qui le replace dans sa profondeur historique. A travers cette fresque colorée, onirique et spirituelle, le spectateur est invité à revivre la grande histoire de Paris et de son peuple. »

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